Marion Messina vit depuis quelques mois avec son compagnon et leurs deux enfants à Leipzig. Une Française de Dresde qui avait beaucoup aimé son premier roman „Faux départ“ a fait en sorte que la fondation „Hommage à la France“ de Brigitte Schubert-Oustry l’invite à venir dans la capitale de la Saxe. Marion Messina se sent bien dans cette ville de taille moyenne. Elle fait un stage à l’institut français de Leipzig, elle apprend l’allemand, a commencé à écrire un second roman et envisage de faire une thèse de littérature.
Elle parle très vite, est très franche et e a répondu à nos questions avec humour et empathie. Son jugement est très tranché, notamment quand elle décrit l’écart existant entre le discours officiel et la réalité du quotidien des classes moyennes et populaires en France. Elle a grandi à Grenoble, dans un quartier ouvrier. „Le fait de réseauter, d’aller dans des endroits, de serrer des mains de se mettre en avant, de toujours dire ce qu’on sait faire, de toujours être un commercial de sa propre personne, je pense que c’est quelque chose qui est dans l’ethos de la bourgeoisie mais que les enfants des classes populaires ne savent absolument pas faire.“
Marion Messina sait de quoi elle parle et c’est sans doute pourquoi son premier roman „Faux départ“ a eu un tel succès en France et également en Allemagne. Dans „Faux départ“, elle décrit, de manière souvent crue, la situation dans laquelle se trouvent de nombreux jeunes nés comme elle au début des années 1990. Des jeunes qui se sentent exclus, contraints à accepter des jobs inintéressants et à vivre dans des appartements minables. Le personnage principal du roman abandonne l’idée de vivre à Paris. La solution, dit Marion Messina, n’est pas de s’épuiser à ce qu’un système, qui dès le départ ne nous réserve pas de place, nous accepte. „La solution, c’est le sortisme.“
Marion Messina n’hésite pas à se lancer dans des domaines inconnus, rien ne lui fait peur et son humilité y est sans aucun doute pour beaucoup. „Il n’y a rien qui me semble plus vital que de lire et d’écrire. J’ai toujours pensé que pour manger je pouvais accepter n’importe quel boulot tant qu’il me laissait la liberté d’écrire et ça m’a donné aussi une certaine ouverture d’esprit parce que je pense que si demain on me dit: Ah ben pour manger il faut faire de la carrosserie, j’irai passer un CAP carrosserie sans aucune limite mentale, tant que j’écris.“
Marion Messina: Faux départ. Roman. Éditions Le dillettante, 2018